jeudi 29 septembre 2016

Jeudi 29 octobre 2016 au Colisée  de Mascara  à 18h00

 

Projection du film "Yema"




SYNOPSIS

Une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y revient, après des années d'absence, pour enterrer son fils Tarik, militaire. Ouardia soupçonne son autre fils, Ali, dirigeant d’un maquis islamiste, de l'avoir tué.Dans cet univers figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits.Grâce au jardin que Ouardia fait refleurir à force de courage, de travail et d’obstination. Grâce au gardien, peu à peu adopté par Ouardia. Grâce surtout à l’arrivée d'un nouveau né. Mais Ouardia n’est pas au bout de ses épreuves. Ali, le fils maudit, revient, grièvement blessé...
Il est des peuples, les Kanaks par exemple, qui disent que l'identité est dans la terre que l'on cultive. Dans Yema (mot par lequel on appelle la mère), c'est toute la nature qui détermine le présent et l'avenir. Cette femme, Ouardia (admirablement interprétée par la réalisatrice elle-même), perd son fils préféré, Tarek, et l'enterre avec amour. Il était officier, dans la vallée. Son autre fils, Ali, se bat dans les maquis, dans la montagne. Ouardia est dans l'entre deux, à flanc de colline, cloîtrée et surveillée par un manchot délégué par Ali, pour la " protéger ". Elle est l'interface de ces deux mondes. Nous ne quitterons jamais cette maison et les champs qui l'entourent. C'est là que se joue le drame de l'Algérie, dans l'entre deux, une femme face à la folie des hommes.

Ouardia ne déteste pas Ali mais l'idéologie mortifère qui s'est emparée de lui, jusqu'à lui ravir celui qu'elle chérissait. A celui qui sème la haine et la mort, elle oppose les graines qu'elle sème obstinément dans son jardin, cette vie que son geôlier refuse au départ de lui accorder, jusqu'à ce qu'il devienne figure de fils à son tour en épousant cette logique de vie. En un plan magnifique digne d'un Chahine, leurs mains malaxent la terre enfin irriguée. Ouardia ne pardonne pas, même pour l'Aïd, elle choisit simplement de ne pas baisser les bras. Il faut du temps pour qu'une logique de vie s'instaure, au rythme des saisons, des gestes simples du travail de la terre. Le film se met dès lors au diapason de la nature, en caresse la beauté, en suit le rythme. Point besoin de musique : juste écouter le vent, lequel se fâche parfois quand la haine revient. Au rituel du 40e jour de deuil répondent ceux inchangés de la nature et du travail de la terre. C'est cet acharnement à raviver la vie qui fait que lorsque le petit-fils arrive, la grand-mère saura s'en occuper. Seule cette conscience des femmes peut briser le cercle vicieux d'une violence toujours renouvelée.

De l'histoire classique d'une mère et de ses fils aux parcours opposés, Djamila Sahraoui tire un film formidablement sensible et épuré dont les images s'enfoncent en nous pour ne plus nous lâcher. Son refus de tout effet n'empêche pas le film d'être tendu de bout en bout. Elle ne distille les détails qu'au compte-goutte, si bien que le spectateur doit lui-même en composer les tenants et choisir l'ampleur de la métaphore. Entre la lumineuse splendeur de la nature et les clairs obscurs des intérieurs de la ferme se joue la résistance d'un pays qui doit retrouver dans son actuel entre deux la féminité et les logiques de vie qui lui assureront un avenir.



jeudi 22 septembre 2016

Jeudi 22 septembre 2016 au Colisée  de Mascara  à 18h00


 Reprise des activités du Ciné club de Mascara pour  la saison 2016-2017


la Projection du film documentaire 





"Demain "




Demain est un film documentaire français réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, sorti en 2015. Devant un futur que les scientifiques annoncent préoccupant, le film a la particularité de ne pas donner dans le catastrophisme. Adoptant un point de vue optimiste, il recense des initiatives dans dix pays de par le monde : des exemples concrets de solutions aux défis environnementaux et sociaux du xxie siècle, qu'il s'agisse d'agriculture, d'énergie, d'économie, d'éducation ou de gouvernance.
Fait rare pour un documentaire, il dépasse le million d'entrées en France. Il remporte en 2016 le César du meilleur film documentaire.

Synopsis

En 2012, dans la revue Nature1, Anthony Barnosky, Elizabeth Hadly et 20 autres scientifiques annoncent qu'une partie de l'humanité pourrait disparaître avant 21002, du fait de l'impact de l'espèce humaine sur les écosystèmes, entraînant la fin des conditions de vie stables sur Terre3. La surpopulation, le manque d'eau, le manque d'énergies fossiles, le dérèglement climatique vont lancer des millions de pauvres désespérés à l'assaut des pays nantis.
Mais le film ne s'attarde pas sur ce constat3« Nous ne sommes plus dans une zone de confort, dit Mélanie Laurent, et, pour autant, nous ne sommes pas encore dans l’effondrement. Nous sommes dans une phase particulièrement inspirante : nous savons que nous allons nous prendre un mur et c’est le moment de nous mobiliser3. »L'essentiel du film est un road movie qui fait découvrir, en cinq volets thématiques, des exemples de solutions concrètes aux problèmes environnementaux et sociaux du début du xxie siècle. L'équipe du film se rend dans dix pays, à la rencontre de citoyens qui mettent en œuvre des solutions : en France métropolitaine et à La Réunion, en Finlande, au Danemark, en Belgique, en Inde du Sud, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, en Suisse, en Suède et en Islande4. Ils agissent à l'échelle de leur commune (en impliquant si possible les élus5) ou à l'échelle de leur entreprise. Chaque groupe fait preuve de créativité, de débrouillardise et de solidarité.

Alimentation

Détroit, ville des États-Unis dont l'activité reposait tout entière sur l'industrie, est passée de 1 850 000 habitants en 1950 à 713 000 en 20106. Dans ce décor post-apocalyptique, les pauvres sont restés. Ils s'organisent de façon autonome pour que leur nourriture ne dépende plus du transport, c'est-à-dire du pétrole. Ils produisent leurs légumes sur place, en ville. Détroit, qui compte 1 600 fermes5, est devenue la ville du Do it yourself et de la consommation collaborative7.
En Normandie, Perrine et Charles Hervé-Gruyer, agriculteurs bio, pratiquent la permaculture. Ils produisent diversifié (1 000 variétés sur un hectare), sans pétrole. La terre, chargée d'humus, est plus fertile. « L'agroécologie, explique Cyril Dion, permet de stocker du CO2 dans le sol et dans les arbres, et de redéployer de la biodiversité. Les insectes et les animaux reviennent8. » En permettant à la nature de se régénérer, les Hervé-Gruyer réussissent à multiplier leur rendement par dix. Dans cette petite exploitation, l'agroécologie se révèle plus rentable que la monoculture, qui appauvrit la terre et reste tributaire du pétrole, des engrais et des pesticides. Sur notre planète, 75 % de la nourriture est produite par des petites fermes de quelques hectares. Selon Olivier De Schutter, le recours à l'agroécologie permettrait de doubler les rendements agricoles dans les dix ans8.
En Angleterre, les habitants de Todmorden sèment des légumes et plantent des arbres fruitiers dans les rues, et tout le monde peut venir se servir8. Réunis dans le mouvement Incroyables Comestibles9, ils se donnent les moyens d'une autosuffisancealimentaire, qu'ils espèrent atteindre en 2018. Dans le Devon, à la ferme de Riverford (en)Guy Watson (en), associé à d'autres fermiers bio de tout le pays, supervise la livraison de 44 000 paniers par semaine, livrés dans les 48 heures aux particuliers5.
Il est donc possible pour des citadins de produire leur nourriture. Il est possible aux campagnes de se repeupler. Cela pourrait même se pratiquer à grande échelle, si l'industrie pétrochimique, qui est liée au secteur agro-alimentaire, n'y faisait obstacle5.

Énergie

Vu en contre-plongée, en buste, chemise noire, parlant, mains en avant.
L'urbaniste danois Jan Gehl, concepteur de Strøget, à Copenhague.
Dans le domaine énergétique, le film fait découvrir des bâtiments aux toits couverts de panneaux solaires, des alignements d'éoliennes à l'infini, une réutilisation des déchets comme compost (à San Francisco) ou pour produire de l'électricité (àCopenhague) : des villes, voire des pays, anticipent la fin des énergies fossiles et du nucléaire. Les énergies renouvelables (notamment la géothermie) ne sont pas loin de donner à l'Islande son autonomie énergétique. En Inde du Sud, le village modèle de Kuthambakkam, construit avec des matériaux locaux écologiques, assure presque, lui aussi, son autonomie énergétique grâce aux énergies renouvelables5.
Il reste que la transition énergétique est coûteuse. S'il faut être prêt à encaisser les changements climatiques, il faut aussi veiller à faire des économies. Les bâtiments publics de Copenhague ont déjà réduit de 45% leur consommation en énergie5. La ville bénéficie d'un urbanisme modèle. Les habitants vivent à moins de 300 mètres d'un espace vert, et ils sont 50 % à se déplacer à vélo. L'objectif est de ne plus émettre de CO2 en 2025. Les habitants de Copenhague sont les plus grands consommateurs d'aliments bio au monde. Leur système de traitement des déchets est un des plus performants au monde.

Économie

Quand une ville britannique émet sa propre monnaie à l'effigie de David Bowie, cette monnaie n'a aucune valeur ailleurs. L'argent gagné va donc être dépensélocalement. Il n'ira pas dans la poche de multinationales préférant placer leur argent dans des paradis fiscaux plutôt que d'investir dans cette ville.
Le système de la monnaie complémentaire fait ses preuves en Suisse. La banque Wir y émet depuis 1934 le franc Wir, monnaie interentreprises qui ne peut être dépensée que dans les 60 000 PME adhérentes. En Suisse, une PME sur cinq utilise le wir. Il permet, lorsqu'une crise paralyse le système bancaire, de trouver les financements nécessaires10.
Mais comment combattre l'inégalité, que renforce chaque jour la mondialisation, entre les richissimes entreprises (qui détruisent la nature, épuisent les ressources) et les petites qui se débattent pour survivre ? Les petites entreprises doivent penser « local » et s'organiser en réseau. C'est ce qu'explique la localiste américaine Michelle Long, dirigeante du Balle (Business Alliance for Local Living Economies), un réseau de 35 000 entrepreneurs locaux5.
La ville de San Francisco (843 000 habitants) pratique l'économie circulaire en recyclant 80 % de ses déchets et en visant le « zéro déchet » d'ici à 202011.
Dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, de l'habitat, de l'économie, des solutions abouties prouvent qu'elles fonctionnent. Pourquoi, se demandent les cinéastes, les gouvernements ne les mettent-ils pas en œuvre à plus grande échelle5 ?

Démocratie

« Nos structures sociales et politiques, observe Cyril Dion, ne sont pas adaptées à l'ampleur de ces crises8. » Les citoyens n'attendent plus des hommes politiques qu'ils répondent à leurs attentes. Comme le dit dans le film Olivier De Schutter,rapporteur spécial des Nations unies, la démocratie a disparu : les hommes politiques n'écoutent plus les citoyens, ils se contentent de répondre aux vœux des entreprises, qui veulent toujours plus d'une croissance aberrante.
L'équipe du film découvre que, dans certains pays, des mécanismes de démocratie directe sont mis en place par les citoyens. Ceux-ci peuvent dès lors proposer des lois, s'y opposer, écrire la constitution ou la modifier5. Elle montre comment la démocratie locale a pu transformer la petite ville de Kuthambakkam, en Inde du Sud, expérience tirée du livre Un million de révolutions tranquilles de Bénédicte Manier12 (cité au générique du film).
La petite équipe de cinéastes se demande alors si les humains sont prêts à combattre leur avidité naturelle, à se montrer solidaires, coopératifs. Ne doivent-ils pas être sensibilisés aux valeurs nouvelles dès leur plus jeune âge5 ?

Éducation

La Finlande est citée comme un modèle en termes d'éducation. Cyril Dion décrit l'enseignement à la Kirkkojärvi Comprehensive School d'Espoo comme « fondé sur la bienveillance »8. Les enseignants aiment leur métier, ne distribuent ni notes ni sanctions, prennent leurs repas avec les élèves, ont recours à plusieurs pédagogies plutôt qu'à une seule, tiennent compte de la personnalité et des dispositions de chaque élève. Là, on recherche l'épanouissement de l'enfant plus que la transmission du savoir. On apprend à vivre en harmonie avec les autres, à coopérer, à négocier. On apprend aussi à se servir de ses mains. Et, malgré tout cela, les résultats purement « scolaires » sont meilleurs : en 2009, le système éducatif finlandais est classé deuxième mondial en sciences, troisième en lecture et sixième en mathématiques, « loin devant tous les pays européens et occidentaux5 ». Mais surtout, ces enfants respectés, autorisés à exprimer leurs émotions sont formés « à vivre ensemble et à se rassembler pour prendre des décisions8 ».

Fiche technique


Intervenants

Portrait, de trois-quarts, parlant, mains en avant.
Rob Hopkins, initiateur du mouvement des villes en transition.
Les personnes intervenant à l'écran sont dans leur propre rôle.

Production

Financement

Pour compléter le financement du tournage et de la location du matériel, l'équipe a besoin de 200 000 euros16,36. Le 27 mai 2014, une opération de financement participatif est lancée sur KissKissBankBank14. Le 26 juillet10 266 personnes ont permis de réunir 444 390 euros, ce qui représente « plus d'un quart du budget du film »14.

Accueil

Critique

Portrait, de face, souriante.
La co-réalisatrice Mélanie Laurent aux Césars 2016.
Le film reçoit un accueil critique assez positif (3,8 sur 5 sur le site Allociné37).
  • telerama.fr : « De l'écologie sur grand écran, on a longtemps connu des visions cataclysmiques — cris d'alarme et discours culpabilisants. Demain […] adopte le parti inverse38. »
  • tempsreel.nouvelobs.com : « La grande pertinence de Demain, c’est de démontrer que toutes ces initiatives ont un point commun : privilégier le petit, le local et l’investissement des citoyens plutôt que leur assentiment passif39. »
  • abusdecine.com : « Voir tous ces Anglais planter légumes et céréales dans les moindres recoins de leur commune, ces fermes péri-urbaines apporter des denrées aux habitants d’un Détroit sinistré, ce chef d’entreprise « écolonomiser » avec ses salariés, ces villes avoir leur propre monnaie pour pousser à la consommation locale, ce maire indien favoriser la mixité entre les castes et le travail partagé entre les villageois, on se rend compte que, finalement, aider la Terre à mieux se porter, c’est aussi aider l’Homme à mieux se connaître, à mieux s’accepter et à mieux vivre ensemble40. »
  • Le Temps (Suisse) : « À travers les cinq sphères [alimentation, énergie, économie, démocratie et éducation] qu’elle a visitées avec Cyril Dion, la réalisatrice [Mélanie Laurent] fait voir des lumières porteuses d’espoir. Demain permet de croire que demain peut exister41. »
  • La Décroissance : « Non, ce que livre Demain, c'est un grand récit béat. […] On comprend tout l'intérêt du pouvoir à promouvoir une telle écologie de prêchi-prêcha, totalisante, qui nie l'altérité et évacue tout conflit politique42. »

En salle

Le film reçoit un excellent accueil des spectateurs (4,7 sur 5 sur le site Allociné37). Le premier jour, le démarrage est difficile : le cinéma test, à Paris, n'accueille que neuf spectateurs22. Mais le film marche très bien durant le week-end, et finit sa première semaine avec 82 144 entrées, ce qui est un bon score pour un documentaire14. Il reste 15 semaines dans le Top 20. Le , après 19 semaines d'exploitation, il réalise 950 700 entrées22. Le 7 mai 2016, l'équipe du film annonce que le cap du million de spectateurs a été franchi43.

Analyse

Contrairement à d'autres documentaires qui se concentrent plutôt sur l'origine des déséquilibres environnementaux planétaires et leurs conséquences négatives (tels queLe syndrome du TitanicLa onzième heure, le dernier virageUne vérité qui dérangeNos enfants nous accuseront et Home44), Demain propose une approche constructive (comparable à Solutions locales pour un désordre global) mettant en avant des solutions aux problèmes écologiques menaçant l’humanité41.
Demain est l'œuvre de militants plutôt que de cinéastes, défendant des thèses sans émettre de critiques45. Ce film et Merci patron ! remportent tous deux un succès inattendu au début de l'année 2016, participant au même mouvement que « Nuit debout » en donnant la parole aux anonymes pour inciter les citoyens à s'engager pour la collectivité45.
Les cinq chapitres du film (alimentation, énergie, économie, démocratie et éducation) sont liés par un « fil narratif » dans le but d'en faire un récit décrivant ce que le monde de demain pourrait être46,47. Les réalisateurs ont été inspirés par l'essai L'espèce fabulatrice de Nancy Huston qui « insiste sur la propension des humains à penser en termes de fiction, de récit, de narration »46,47.

Distinctions

Récompenses

Nomination