jeudi 26 novembre 2015

Jeudi 26 novembre  2015 au Colisée  de Mascara  à 18h00

  Projection du film
 "Amadeus"

Amadeus est un film américain de Miloš Forman, sorti en 1984, et repris en 2002 dans une version director's cut rallongée de vingt minutes. Adaptée de la pièce de théâtre éponyme de Peter Shaffer, qui signe également le scénario du film, l’histoire s'inspire librement d'une courte pièce de Pouchkine, Mozart et Salieri (1830).
Le film fut nommé pour 53 prix et en reçut 40, dont huit Oscars (incluant l’Oscar du meilleur film), quatre British Academy Film Awards, quatre Golden Globes, et un DGA Award. En 1998, l’American Film Institute a classé Amadeus 53e sur son top 100 des films.

Résumé

Vienne, novembre 1823. Au cœur de la nuit, un vieil homme égaré clame cette confession : « Pardonne, Mozart, pardonne à ton assassin ! ». Sa chambre étant verrouillée, ses serviteurs tentent de l’allécher avec des friandises mais n’entendent que des sons étouffés suivis d’un cri tranchant. La porte enfoncée, ils se trouvent nez à nez avec le vieillard noyé de sang. Cet homme est Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur de la Cour.

Dès l’enfance, il s’est voué tout entier au service de Dieu, s’engageant à le célébrer par sa musique au prix d’un incessant labeur et de sa chasteté. Pour prix de ses sacrifices, il réclame la gloire éternelle. C’est alors que le monde entend parler d’un garçon du nom de Wolfgang Amadeus Mozart, guidé à travers toute l’Europe par son père Leopold. Son brio enchante les plus hautes sommités. En revanche, Salieri est déçu par son propre père, qui méprise ses ambitions musicales ; sa mort accidentelle permettra à son fils d’entamer une carrière au faîte de laquelle on le nomme compositeur de la cour de l’empereur mélomane Joseph II. Son talent lui vaut durant quelques années les plus hautes distinctions.

En 1781 cependant, un jeune homme fait irruption à Vienne, précédé d’une flatteuse réputation, mais sans grande éducation. Mozart est en voie de devenir le plus grand compositeur du siècle. Quand on a du talent mais qu’on est confronté au génie, comment survivre ? Comprenant la menace que représente le jeune Mozart, Salieri essaie de l’évincer tout en l’approchant pour savoir pourquoi il est si doué.

Fiche technique

Réalisation : Miloš Forman
Scénario : Peter Shaffer d'après sa pièce de théâtre
Musique : Wolfgang Amadeus Mozart, Johann Sebastian Bach, Antonio Salieri
Coordinateur de la musique : John Strauss
Décors : Patrizia von Brandenstein
Costumes : Theodor Pistek
Photographie : Miroslav Ondříček

Distribution : 
F. Murray Abraham : Antonio Salieri
Tom Hulce : Wolfgang Amadeus Mozart
Elizabeth Berridge  : Constanze Mozart
Simon Callow  : Emanuel Schikaneder
Roy Dotrice  : Leopold Mozart
Christine Ebersole : Katharina Cavalieri
Jeffrey Jones : l’empereur Joseph II
Charles Kay : Comte Orsini-Rosenberg
Nicholas Kepros  : Hieronymus von Colloredo, prince-archevêque de Salzbourg
Jonathan Moore : Baron Van Swieten
Patrick Hines  : Kappelmeister Bonno
Kenny Baker : le commandeur
John Strauss (en) : le chef d’orchestre
Cynthia Nixon  : Lorl, la servante recrutée par Salieri

Tournage

Quasiment inchangé depuis le XVIIIe siècle, c’est le théâtre baroque Tyl qui fut utilisé pour les séquences d’opéra.
Les prises de vue de l’opéra Don Giovanni ont été filmées sur la scène même où s’est déroulée la première de l’opéra.
Seuls quatre lieux furent tournés en studio : la chambre d’hôpital de Salieri, l’appartement de Mozart, l’escalier et le théâtre de vaudeville. Les autres prises de vue ont été faites en décor naturel. La lumière est entièrement naturelle.
On préféra Prague à Vienne pour le tournage non seulement parce qu’elle offrait moins d’éléments contemporains, mais aussi parce que Forman y a passé une grande partie de sa vie.
Chaque jour avant et pendant le tournage, Tom Hulce passa quatre heures à pratiquer le piano pour avoir l’air plus convaincant.
La musique de Mozart accompagne chaque scène.

Extraits musicaux

Le film comporte beaucoup de passages musicaux représentés sur les scènes viennoises : 
L’Enlèvement au sérail : Acte III, Bassa Selim lebe lange
Les noces de Figaro : Acte I, Cinque... dieci... et Acte IV, Gente, gente, all’armi, all’armi
La Flûte Enchantée : Acte II, Der Hölle Rache
La Flûte Enchantée : Acte II, Ein Mädchen oder Weibchen
Concerto pour piano n° 22 mouvement 3
Sérénade "Gran Partita"
Concerto pour piano n° 15 mouvement 3
Requiem (Introitus, Dies irae, Rex tremendae majestatis, Confutatis, Lacrimosa)
Axur, re d'Ormus de Salieri
Concerto pour piano n° 20 mouvements 1 et 2
Don Giovanni : ossia Il dissoluto punito, K.527 - Overture
Don Giovanni : ossia Il dissoluto punito, K.527 - Prague version 1787 - Act 2 a cenar teco m’invitasti
Symphonie n° 25 mouvement 1
Messe en ut mineur de Mozart, Kyrie, andante moderato

Autour du film 
Dans le Top 100 de l’American Film Institute, ce film était classé à la 53e place sur la liste établie en 1998, ce qui en faisait, selon l’American Film Institute, le 53e meilleur film américain de l’histoire du cinéma1.
F. Murray Abraham s'est vu proposer de jouer dans le film durant le tournage de Scarface. Pensant y tenir un second rôle, l'acteur a tout de suite accepté mais, à sa grande surprise, décrocha le premier rôle, celui de Salieri.
Simon Callow connaissait bien le scénario puisqu'il avait lui-même incarné Mozart dans une représentation de la pièce au Royal National Theatre en 1979.
La scène de la conversation entre Salieri et Constance, dégustant un mamelon de Vénus, a été tournée en plusieurs prises. À chacune d'elle, l'actrice Elizabeth Berridge mangeait un nouveau gâteau et a fini par être malade.
Petite anecdote : la scène de la dictée du Requiem fut en grande partie improvisée, ce qui lui donne un caractère unique. Hulce et Abraham avaient chacun une oreillette qui leur transmettait la musique. À un moment, on a l’impression que Mozart est perdu dans ses pensées, mais Hulce a dit que le son ne venait pas et qu’il oubliait ses répliques, d’où les nombreuses interruptions de Abraham/Salieri qui cherchait à reprendre le fil du scénario.
L’idée du rire si particulier est issue des lettres écrites à son sujet. Dans l’une d’elles, on décrit le rire de l’artiste comme une sorte d’« étourdissement contagieux », dans une autre comme « du métal rayant du verre ».
Le film est parodié dans la série Les Simpson, dans l’épisode En Marge de l'histoire en 2004. Bart joue le rôle de Mozart et Lisa le rôle de Salieri. De même dans un épisode de la série Family Guy. On trouve aussi de nombreuses scènes parodiées dans le treizième épisode de la seconde saison de 30 Rock.

Version longue
 Une version longue director’s cut a été présentée à la Berlinale 2002 puis distribuée internationalement2,3. Cette version présente par ailleurs un personnage totalement absent de la version cinéma : Michael Schlumberg, interprété par Kenneth McMillan. Pour la version française, au lieu de seulement doubler les passages inédits, il fut décidé de redoubler entièrement le film, et seuls Luq Hamet et Claude Giraud ont repris leurs places sur Mozart et Joseph II. On notera que Jean Topart, la voix de Salieri, fut contacté pour ce redoublage mais refusa de refaire ce qu’il avait déjà fait.

Libertés par rapport à la réalité 
Ce film ne doit pas être considéré comme une biographie, mais comme une fiction qui s’inspire librement de l’histoire de Mozart, ce qui explique les quelques différences par rapport aux faits.

Par exemple :

C’est Salieri qui est montré commandant le Requiem à Mozart, or on sait qu’il s’agit du comte Franz de Walsegg ;
Salieri n’était pas présent au moment de la mort de Mozart et ne l’a jamais assisté dans l’écriture de sa messe funèbre ;
Les extraits de L'Enlèvement au sérail et de La Flûte Enchantée sont interprétés en anglais et non en allemand, comme dans la version originale ;
Mozart dirige un orchestre, ce qu’il semble n’avoir jamais fait en réalité, à Vienne du moins, puisqu’il n’avait de titre autre que musicien impérial et pas Konzertmeister, titre qu’il recherchait en vain.
À la fin du film, Mozart meurt au petit matin peu après le retour de sa femme et de son fils. En réalité, il serait mort vers cinq minutes après une heure du matin selon le diagnostique du médecin.
Par contre, le jeu de l’acteur correspond à des traits réels de Mozart : il était petit de taille, il le dit dans la correspondance, « demeuré enfant » selon sa sœur, joyeux et plaisantant sans cesse, assez dur de jugement à l’égard des collègues, peu courtisan selon Grimm, pas à même de gérer sa carrière selon son père, qui le précise dans une lettre qu’il envoie à son fils lors de son installation à Vienne et de la rupture des relations.

Accueil

Le film fut un certain succès en France. Recueillant 51 millions de $ aux USA, il a dépassé 4 585 292 entrées au cinéma en France en 1984.

Il a reçu un accueil critique très favorable, recueillant 95 % de critiques positives, avec une note de 8,6/10 sur Rotten Tomatoes, basé sur 75 avis[réf. nécessaire].

Distinctions

Hulce et Abraham furent tous deux nommés pour l’Oscar et le Golden Globes du meilleur acteur pour le même film. Abraham obtint la plupart des prix, dont l’Oscar et le Golden Globe4.

Récompenses

Oscars du cinéma - 1985 (10 propositions / 8 remportés)
Meilleur film
Meilleur réalisateur : Miloš Forman
Meilleur scénario adapté : Peter Shaffer
Meilleur acteur : F. Murray Abraham
Meilleure direction artistique : Karel Cerny, Patrizia von Brandenstein
Meilleure création de costumes : Theodor Pistek
Meilleur maquillage : Dick Smith, Paul LeBlanc
Meilleur son : Tom Scott, Chris Newman, Mark Berger, Todd Boekelheide
Directors Guild of America Awards - 1985
Meilleur réalisateur : Miloš Forman et son assistant-réalisateur Michael Hausman
César du cinéma - 1985
Meilleur film étranger
Golden Globes - 1985 (5 propositions)
Meilleur réalisateur : Miloš Forman
Meilleur acteur dans un film dramatique : F. Murray Abraham
Meilleur film dramatique
Meilleur scénario : Peter Shaffer
BAFTA Awards - 1986
Meilleure photographie : Miroslav Ondricek
Meilleur montage : Michael Chandler et Nena Danevic
Meilleurs maquillages et coiffures : Dick Smith et Paul LeBlanc
Meilleur son : John Nutt, Christopher Newman et Mark Berger
American Film Institute - 1998
53e dans la liste des 100 Greatest American Movies1
Los Angeles Film Critics Association Awards - 1984
Meilleur film
Meilleur acteur : F. Murray Abraham
Meilleur réalisateur : Miloš Forman
Meilleur scénario : Peter Shaffer
Propositions de récompenses

Oscars du cinéma - 1985
Meilleure photographie : Miroslav Ondricek
Meilleur acteur : Tom Hulce
Meilleur montage : Michael Chandler, Nena Danevic
BAFTA Awards - 1986
Meilleur film
Meilleur acteur : F. Murray Abraham
Meilleur scénario adapté : Peter Shaffer
Meilleurs costumes : Theodor Pistek
Meilleure direction artistique : Patrizia von Brandenstein
Golden Globes - 1985 (5 propositions)
Meilleur acteur dans un film dramatique : Tom Hulce
Meilleur acteur dans un second rôle : Jeffrey Jones

jeudi 19 novembre 2015

Jeudi 19 novembre  2015 au Colisée  de Mascara  à 18h00

  Projection du film documentaire
 "Eau argentée, Syrie autoportrait"

Eau argentée, Syrie autoportrait (arabe : ماء الفضة, Ma'a al-Fidda), aussi intitulé Eau argentée, est un film documentaire franco-syrien réalisé par Oussama Mohammad et Wiam Simav Bedirxan, sorti en 2014.
Formé à partir de vidéos postées sur Internet, le film traite de la guerre en Syrie. Bedirxan et Mohammed ne se sont rencontrés qu'une seule fois, lorsque Bedirxan a réussi à s’échapper de Homs pour assister à la première du film en France, au festival de Cannes 2014. Mohammed avait présenté au festival de Cannes 2011 un court métrage intitulé L’Adolescent et la botte, qui évoquait les humiliations subies par un jeune garçon arrêté par les forces de sécurité de Bachar el-Assad. Le titre renvoie au nom de la réalisatrice Wiam Simav Bedirxan, où Simav est la traduction kurde d'« eau argentée. »

Synopsis
Le film aborde, par des dizaines de vidéos YouTube amateurs compilées, la guerre civile syrienne. Il narre la destruction et les atrocités commises lors de la guerre, filmées par des téléphones mobiles et postées sur Internet, compilées avec des plans tournés par Wiam Bedirxan pendant le siège de Homs (2011-2014). Le montage a été réalisé en association avec Ossama Mohammed, en exil à Paris, et les deux réalisateurs expriment leurs impressions personnelles.

Fiche technique
  • Titre : Eau argentée, Syrie autoportrait
  • Titre alternatif : Eau argentée
  • Titre original : ماء الفضة, Ma'a al-Fidda
  • Titre international : Silvered Water, Syria Self-Portrait
  • Réalisation : Oussama Mohammad et Wiam Simav Bedirxan

Distinctions
Récompenses
  • Festival du film de Londres 2014 : Grierson Award
Nominations et sélections
  • Festival de Cannes 2014 : sélection hors compétition « Séances spéciales »
  • Festival international du film de Locarno 2014 : sélection « I film delle giurie »
  • Festival international du film de Toronto 2014 : sélection « TIFF Docs »
 

jeudi 12 novembre 2015

Jeudi 12 novembre  2015 au Colisée  de Mascara  à 18h00

  Projection du film "Citezen Kane"

Citizen Kane, ou Citoyen Kane au Canada et en Belgique francophone, est un film dramatique américain réalisé par Orson Welles sorti en 1941, considéré par l'American Film Institute comme le meilleur film de tous les temps et particulièrement vanté pour ses innovations cinématographiques, musicales et narratives.


Synopsis
Au début des années 1940, Charles Foster Kane meurt dans son manoir de Xanadu, en prononçant dans un dernier souffle « rosebud » (bouton de rose) et en laissant échapper de ses mains une boule à neige. Ce dernier mot énigmatique attise la curiosité de la presse. Le journaliste Thompson est chargé de percer le mystère et va rencontrer tous ceux qui l'ont connu. Ces rencontres au présent où l'on plonge dans ses souvenirs sont accompagnées à chaque fois de flashbacks qui lèvent toujours un peu plus le voile sur sa vie.
Tout jeune, il a dû quitter sa mère, qui se trouvait par hasard héritière d’une mine d’or, pour être élevé par un financier dans la perspective de sa fortune à venir. Devenu un grand magnat de la presse, il épouse la nièce du président des États-Unis et espère faire une carrière politique, carrière qui s'interrompt lorsque l'on apprend qu'il trompe sa femme avec Susan, une pseudo-cantatrice. Sa femme demande le divorce et Kane épouse alors Susan, qui se sépare de lui par la suite. Kane finit par mourir seul dans son immense manoir inachevé.
Chaque personne qui l'a côtoyé, comme Thatcher, M. Bernstein, Jedediah Leland, Susan Alexander Kane et son majordome, a une perception bien particulière du personnage, souvent très différente de celle des autres : les récits, même entrecroisés, ne font donc qu'éclairer certains aspects ponctuels de Charles Foster Kane.

Fiche technique
  • Titre original : Citizen Kane
  • Titre français : Citoyen Kane (pour le Canada et la Belgique)
  • Réalisation : Orson Welles
  • Scénario : Herman J. Mankiewicz et Orson Welles
  • Photographie : Gregg Toland et Harry J. Wild
  • Montage : Robert Wise
  • Musique : Bernard Herrmann
  • Son : Bailey Fesler et James G. Stewart
  • Direction artistique : Van Nest Polglase

Distribution

  • Orson Welles : Charles Foster Kane
  • Buddy Swan : Charlie Kane à 8 ans
  • Joseph Cotten : Jedediah Leland
  • Dorothy Comingore : Susan Alexander, seconde épouse de Kane
  • Agnes Moorehead : Mary, la mère de Kane
  • Ruth Warrick : Emily Monroe Norton, première épouse de Kane
  • Ray Collins : James W. Gettys
  • Erskine Sanford : Herbert Carter
  • Everett Sloane : Mr. Bernstein
  • William Alland : Jerry Thompson
  • Paul Stewart : Raymond, le majordome de Kane
  • George Coulouris : Walter Parks Thatcher, le tuteur de Charlie Kane
  • Fortunio Bonanova : Matiste
  • Gus Schilling : le maître d'hôtel
  • Philip Van Zandt : Mr. Rawlston
  • Georgia Backus : Miss Anderson
  • Harry Shannon : le père de Kane, aubergiste dans le Colorado
  • Sonny Bupp : le fils de Kane
  • Arthur Yeoman : voix du speaker de News on the March

Analyse

Le narrateur

Le narrateur de Citizen Kane est omniprésent et omnipotent. En attestent la première et la dernière scène du film. Ainsi, dès le début du film, la pancarte filmée en gros plan sur laquelle on lit « No trespassing » (« Défense d'entrer ») est immédiatement transgressée par la caméra qui franchit les grilles de Xanadu. Ensuite, la caméra finit par arriver devant la fenêtre de Kane, et par un champ-contrechamp, passe outre cette barrière de verre pour s’immiscer dans la vie du vieil homme (Charles Foster). De même, lors de la conclusion du film, la caméra décrit des arabesques au cœur des innombrables objets laissés par Kane pour aboutir simplement sur une luge dont se saisit un ouvrier ou un domestique pour la livrer aux flammes. L’œil de la caméra aura encore le temps de se rapprocher suffisamment de l’inscription que porte le jouet avant que l’action de la chaleur ne la fasse définitivement disparaître : « Rosebud », le mot qu’avait prononcé le mourant.

Les flashbacks

Contrairement aux traditions de l’époque, Welles décide de raconter la vie de Charles Foster Kane sous la forme de flashbacks. Cependant, afin de ne pas perdre le spectateur, le réalisateur prend la peine de réaliser un « sommaire » grâce à la scène de la bande d’actualité, qui résume la vie de Kane. D’autre part, les flashbacks reprennent un ordre chronologique, avec dans le pire des cas des superpositions (par exemple entre le témoignage de Leland et celui de Susan).
La rupture de Susan avec Kane est ainsi racontée successivement en flashback par deux protagonistes différents, Susan elle-même et le majordome de Xanadu. Kane et Susan connaissent leur dernière altercation, et Kane, impuissant, regarde Susan quitter la pièce et s’éloigner en franchissant différentes ouvertures. Le dernier plan cadrant Susan peut prendre toute sa dimension dans la mesure où c’est elle qui relate leur séparation. Thompson interroge ensuite le majordome dont les souvenirs font l’objet du flashback suivant, qui débute de manière abrupte (par un cri de cacatoès) au moment où le majordome voit Susan partir. Welles choisit ainsi de couvrir la fin de la liaison entre Kane et Susan Alexander par deux personnages différents. La construction en flashbacks remplit ici son office car elle autorise une variation sur ce qui avait déjà été dit auparavant en ménageant un nouveau point de vue. Plus précisément, la rupture était déjà connue lors du flashback précédent, mais est visible dans toute sa continuité grâce à la présence du majordome qui assure sa fluidité à la narration.
Welles brise ainsi le style linéaire habituel des films et invente de nouveaux codes cinématographiques.

La profondeur de champ

Le recours à une longue profondeur de champ est omniprésent dans le film. Comme pour le flashback, c’est la systématisation du procédé plus que le procédé lui-même qui marque une date dans l’histoire du cinéma.
Un plan devenu à ce titre exemplaire est celui de la découverte de la tentative de suicide de la femme de Kane. L’image montre en amorce le verre et la fiole tandis que Kane force la porte à l’arrière-plan, Susan respirant avec difficulté sur sa couche dans le plan intermédiaire. On sait que ce plan n’a pas été effectué en une seule prise mais que la mise au point a été successivement faite sur les différents composants du plan avant intégration dans une image unique.
De même, l’enfance de Kane qui fait l’objet des mémoires de Thatcher est représentée grâce à cette technique. La séquence débute par des images du jeune Charlie Kane jouant dans la neige avec sa luge. Puis, un travelling arrière fait comprendre que le point de vue se situait à l’intérieur de la maison familiale. Les jeux du garçon sont ensuite perçus en arrière-plan, tandis que son proche avenir est débattu dans le foyer, les deux plans étant nets.

Les plongées/contre-plongées

De nombreux plans du film sont filmés en plongée, ou en contre-plongée. Si la contre-plongée traduit souvent l’exaltation, comme dans le discours de Kane contre Gettys, la plongée sert à illustrer les périodes de doute et d’échec, telles que la demande de mutation de Leland à Kane après la débâcle électorale, et la destruction de la chambre par Kane après le départ de Susan.
Welles transgresse aussi les règles basiques des contre-plongées en les inversant. Car si cette même contre-plongée traduit généralement l'exaltation, la puissance écrase parfois Kane, comme dans la scène de la rupture avec sa seconde femme.

Effets spéciaux et trucages

Welles aime faire appel à des effets spéciaux pour enrichir son film. Ils sont dus pour la plupart au talent de Vernon L. Walker. On peut en citer six exemples, tous assez remarquables :

  • La scène où Leland parle à Thompson à l'hôpital a été jouée devant un écran blanc transparent (transflex), des projections ayant ensuite été utilisées pour créer le fond.
  • Les vues extérieures de Xanadu et la foule du meeting politique sont des illusions : ce sont en réalité des toiles peintes.
  • La scène où Gettys surveille le discours de Kane depuis le poulailler possède une caractéristique très particulière : chaque moitié d'image a été filmée séparément puis rassemblée, ce qui permet de voir nettement les deux personnages.
  • Le départ de Susan a été filmé en trois fois, pour pouvoir avoir les trois plans nets. Seul un plan est éclairé et filmé, puis la bobine est rembobinée et le plan suivant est éclairé, et ainsi de suite.
  • Welles a employé le procédé d'impression optique à la Truca. Cela consiste à aligner une caméra avec un projecteur dont le fonctionnement est synchronisé. La pellicule peut ensuite être retravaillée en post-production.
  • Au début du film, dans la longue séquence de la bande d'actualités News on the March retraçant la carrière de Kane, est inséré un plan où Kane et Adolf Hitler sont côte à côte sur un balcon, ce qui est un habile montage.

Dernière réplique

« Throw that junk », traduit en français par Jette ce machin (ou mieux : cette vieillerie, ce déchet), constitue l'ultime réplique du film. Elle survient lors de la séquence finale de l'inventaire dans le château de Kane, lorsque le majordome Raymond (interprété par Paul Stewart) passe devant une luge d'enfant et s'écrie ces mots « Throw that junk ». On jette la luge dans un brasier, puis la caméra sur la musique de Bernard Herrmann s'avance lentement en travelling, et le mot gravé sur le bois noirci par le feu apparaît soudain : « Rosebud », révélant peut-être ainsi la réponse à cette question posée à la fin du film : « Comment devient-on un homme comme Kane ? ». Cette luge est celle avec laquelle il jouait enfant ; le symbole qu'elle représente restera ambigu.
La séquence de révélation concernant le mot « Rosebud » peut être rapprochée de la dernière scène du film d'Alfred Hitchcock, Rebecca, qui, un an plus tôt, se concluait sur la lettre « R » soigneusement cousue sur le coussin de la chambre de Rebecca, et qui brûlait en conclusion du film.

Récompenses


  • Oscar du meilleur scénario original 1941 (décerné en 1942)
  • National Film Registry 1989 : Sélectionné et conservé à la Bibliothèque du Congrès américain.
  • Élu « Meilleur film de tous les temps » en 2002 par 108 réalisateurs et 144 critiques internationaux consultés par la revue britannique "Sight and Sound" du British Film Institute.
  • Élu « Meilleur film de tous les temps » en 1997 et 2007 par l'American Film Institute1.

Lieux de tournage

  • Le film a été tourné aux studios de la RKO à Hollywood (Californie) du 29 juin au 23 octobre 1940[.

Autour du film

  • Il s'agit du premier film du réalisateur, et les acteurs proviennent pour la plupart de son groupe de théâtre : le Mercury Theatre.
  • Le titre initial devait être American.
  • Pour Kane, Orson Welles s'est inspiré d'un personnage réel : William Randolph Hearst (1863-1951), qui s'était réfugié dans un château, le Hearst Castle, à la fin de sa vie, comme Kane à Xanadu dans le film. Toutefois, d'autres sources, et certains auteurs comme Peter Harry Brown et Pat H. Broeske, ont fait valoir que le film devait être, à l'origine, une biographie plus ou moins fidèle du millionnaire Howard Hughes, alors autant connu pour ses entreprises cinématographiques (Les Anges de l'enfer, Scarface), pour ses records et ses activités dans l'aviation, que pour certaines de ses excentricités : il était victime de troubles obsessionnels compulsifs, lui faisant par exemple répéter plusieurs fois de suite la même phrase, et souffrait d'une phobie des microbes. L'ironie veut que Howard Hughes soit devenu quelques années plus tard le patron de la RKO qui a produit le film.
  • Les tentatives d'interdire le film par Hearst ont donné lieu à un documentaire télévisé intitulé The Battle Over Citizen Kane5.
  • Rosebud, le fameux mot-clé prononcé par Kane, veut dire littéralement « bouton de rose ». Il est dit que ce mot était utilisé par William Randolph Hearst pour désigner le clitoris de sa maîtresse, Marion Davies (ce mot est également employé par La Mettrie pour désigner le clitoris, notamment dans L'Art de jouir). Certains estiment que c'est une des raisons pour lesquelles William Randolph Hearst a essayé d'interdire le film à sa sortie.
  • Orson Welles a dit à propos de son film : "Le public est seul juge. Kane est à la fois un idéaliste et un escroc, un très grand homme et un individu médiocre. Tout dépend de celui qui en parle. Il n'est jamais vu à travers l'œil objectif d'un auteur. Le but du film réside d'ailleurs plus dans la présentation du problème que dans sa solution."

Références au film dans la culture populaire

Au cinéma

  • Otto Preminger rendra hommage à ce film avec son propre film Rosebud (1974).
  • Le grand détournement La Classe américaine :
    • Georges Abitbol, l'homme le plus classe du monde, meurt en prononçant ces mots : « Monde de merde »
    • Des journalistes, Peter & Steven, enquêtent sur son passé, ce qui donne lieu à des flashbacks. Orson Welles fait même une apparition détournée au début du film, et meurt tué par balle en s'écriant « Ohhhhhhh, Rosebud ! ».
    • Peter, un des journalistes enquêtant sur la mort de Georges Abitbol, répond à son patron qui les interroge sur leurs pistes, qu'ils avaient « plutôt pensé à un traîneau ».
    • Le patron du journal reprend une réplique de Citizen Kane : « Si c'est une femme, je veux savoir son nom. Si c'est un cheval, je veux savoir dans quelle course. »
  • Le film Velvet Goldmine de Todd Haynes est une transposition de "Citizen Kane" à la période glam'rock. On retrouve une construction semblable ainsi que de nombreuses références telles la mort dans la neige, les coupures de journaux, les personnages secondaires. Certaines images et certaines positions du héros sont les mêmes que dans le film.
  • Dans Kill Bill : Volume 1 de Quentin Tarantino, l'une des premières scènes où l'on voit dans l'ombre la mariée agonisante sur le sol est une référence au début de Citizen Kane où l'on voit dans l'ombre Charles Foster Kane mourant sur son lit.
  • En 1995, Marc Dorcel a réalisé Citizen Shane, parodie pornographique de ce film.
  • Dans Rhum Express sorti en 2011, Paul Kemp (Johnny Depp) loge dans un hôtel nommé le Xanadu.
  • Dans Hellzapoppin (1941), un personnage trouve dans un décor polaire un traineau portant l'inscription « Rosebud » et dit « I thought they'd burnt that! ».
  •  
  •  Chroniques  de Mohamed Elkeurti  Président du Ciné Club de Mascara

  • CITIZEN KANE a-t-il rempli toutes ses promesses d'attente ?
    Vu dans d'excellentes conditions par rapport à sa 1ère programmation sur un poste tv à la Maison de Jeunes, il ya de cela presque 20 ans, je ne pouvais à l'instar de pas mal de présents que m'incliner devant l'excellence de l'ouvrage : une fluidité quant à la maîtrise technique qui, si elle n'est pas iabsolument innovante a été poussée à son extrême par un usage systématique (profondeur de champ, plongée/contre-plongée utilisées de différentes manières,fondus, flash-backs, flash-forwards...) et par les petites idées narratives. le dialogue était à la hauteur et la direction d'acteurs rendait les personnages truculents et/ou tragiquement attachants; L'humour, la fanitisie ne manquaent pas (voir les cours de chant avec le prof italien; l'emménagement dans les bureaux du journal...)
    La musique de Bernard Hermann (Psychose...) était exactement au service de la narration et l'opérateur favori de John Ford, Greg Toland,( Les raisins de la colère) appelé par Welles a donné le meilleur de lui-m^me pour aider ce dernier à nous offrir ce que l'image peut donner de sublime dans ce jeu d'ombres et de lumières;
    Cette histoire de la grandeur et de la chute d'un homme est racontée d'abord avec des accents à la Charles Dickens (pendant les 3/4 du film puis de manière shakespearienne vers le derniers tiers ( Welles n'ayant jamais caché son adoration du grand tragédien anglais).