jeudi 12 novembre 2015

Jeudi 12 novembre  2015 au Colisée  de Mascara  à 18h00

  Projection du film "Citezen Kane"

Citizen Kane, ou Citoyen Kane au Canada et en Belgique francophone, est un film dramatique américain réalisé par Orson Welles sorti en 1941, considéré par l'American Film Institute comme le meilleur film de tous les temps et particulièrement vanté pour ses innovations cinématographiques, musicales et narratives.


Synopsis
Au début des années 1940, Charles Foster Kane meurt dans son manoir de Xanadu, en prononçant dans un dernier souffle « rosebud » (bouton de rose) et en laissant échapper de ses mains une boule à neige. Ce dernier mot énigmatique attise la curiosité de la presse. Le journaliste Thompson est chargé de percer le mystère et va rencontrer tous ceux qui l'ont connu. Ces rencontres au présent où l'on plonge dans ses souvenirs sont accompagnées à chaque fois de flashbacks qui lèvent toujours un peu plus le voile sur sa vie.
Tout jeune, il a dû quitter sa mère, qui se trouvait par hasard héritière d’une mine d’or, pour être élevé par un financier dans la perspective de sa fortune à venir. Devenu un grand magnat de la presse, il épouse la nièce du président des États-Unis et espère faire une carrière politique, carrière qui s'interrompt lorsque l'on apprend qu'il trompe sa femme avec Susan, une pseudo-cantatrice. Sa femme demande le divorce et Kane épouse alors Susan, qui se sépare de lui par la suite. Kane finit par mourir seul dans son immense manoir inachevé.
Chaque personne qui l'a côtoyé, comme Thatcher, M. Bernstein, Jedediah Leland, Susan Alexander Kane et son majordome, a une perception bien particulière du personnage, souvent très différente de celle des autres : les récits, même entrecroisés, ne font donc qu'éclairer certains aspects ponctuels de Charles Foster Kane.

Fiche technique
  • Titre original : Citizen Kane
  • Titre français : Citoyen Kane (pour le Canada et la Belgique)
  • Réalisation : Orson Welles
  • Scénario : Herman J. Mankiewicz et Orson Welles
  • Photographie : Gregg Toland et Harry J. Wild
  • Montage : Robert Wise
  • Musique : Bernard Herrmann
  • Son : Bailey Fesler et James G. Stewart
  • Direction artistique : Van Nest Polglase

Distribution

  • Orson Welles : Charles Foster Kane
  • Buddy Swan : Charlie Kane à 8 ans
  • Joseph Cotten : Jedediah Leland
  • Dorothy Comingore : Susan Alexander, seconde épouse de Kane
  • Agnes Moorehead : Mary, la mère de Kane
  • Ruth Warrick : Emily Monroe Norton, première épouse de Kane
  • Ray Collins : James W. Gettys
  • Erskine Sanford : Herbert Carter
  • Everett Sloane : Mr. Bernstein
  • William Alland : Jerry Thompson
  • Paul Stewart : Raymond, le majordome de Kane
  • George Coulouris : Walter Parks Thatcher, le tuteur de Charlie Kane
  • Fortunio Bonanova : Matiste
  • Gus Schilling : le maître d'hôtel
  • Philip Van Zandt : Mr. Rawlston
  • Georgia Backus : Miss Anderson
  • Harry Shannon : le père de Kane, aubergiste dans le Colorado
  • Sonny Bupp : le fils de Kane
  • Arthur Yeoman : voix du speaker de News on the March

Analyse

Le narrateur

Le narrateur de Citizen Kane est omniprésent et omnipotent. En attestent la première et la dernière scène du film. Ainsi, dès le début du film, la pancarte filmée en gros plan sur laquelle on lit « No trespassing » (« Défense d'entrer ») est immédiatement transgressée par la caméra qui franchit les grilles de Xanadu. Ensuite, la caméra finit par arriver devant la fenêtre de Kane, et par un champ-contrechamp, passe outre cette barrière de verre pour s’immiscer dans la vie du vieil homme (Charles Foster). De même, lors de la conclusion du film, la caméra décrit des arabesques au cœur des innombrables objets laissés par Kane pour aboutir simplement sur une luge dont se saisit un ouvrier ou un domestique pour la livrer aux flammes. L’œil de la caméra aura encore le temps de se rapprocher suffisamment de l’inscription que porte le jouet avant que l’action de la chaleur ne la fasse définitivement disparaître : « Rosebud », le mot qu’avait prononcé le mourant.

Les flashbacks

Contrairement aux traditions de l’époque, Welles décide de raconter la vie de Charles Foster Kane sous la forme de flashbacks. Cependant, afin de ne pas perdre le spectateur, le réalisateur prend la peine de réaliser un « sommaire » grâce à la scène de la bande d’actualité, qui résume la vie de Kane. D’autre part, les flashbacks reprennent un ordre chronologique, avec dans le pire des cas des superpositions (par exemple entre le témoignage de Leland et celui de Susan).
La rupture de Susan avec Kane est ainsi racontée successivement en flashback par deux protagonistes différents, Susan elle-même et le majordome de Xanadu. Kane et Susan connaissent leur dernière altercation, et Kane, impuissant, regarde Susan quitter la pièce et s’éloigner en franchissant différentes ouvertures. Le dernier plan cadrant Susan peut prendre toute sa dimension dans la mesure où c’est elle qui relate leur séparation. Thompson interroge ensuite le majordome dont les souvenirs font l’objet du flashback suivant, qui débute de manière abrupte (par un cri de cacatoès) au moment où le majordome voit Susan partir. Welles choisit ainsi de couvrir la fin de la liaison entre Kane et Susan Alexander par deux personnages différents. La construction en flashbacks remplit ici son office car elle autorise une variation sur ce qui avait déjà été dit auparavant en ménageant un nouveau point de vue. Plus précisément, la rupture était déjà connue lors du flashback précédent, mais est visible dans toute sa continuité grâce à la présence du majordome qui assure sa fluidité à la narration.
Welles brise ainsi le style linéaire habituel des films et invente de nouveaux codes cinématographiques.

La profondeur de champ

Le recours à une longue profondeur de champ est omniprésent dans le film. Comme pour le flashback, c’est la systématisation du procédé plus que le procédé lui-même qui marque une date dans l’histoire du cinéma.
Un plan devenu à ce titre exemplaire est celui de la découverte de la tentative de suicide de la femme de Kane. L’image montre en amorce le verre et la fiole tandis que Kane force la porte à l’arrière-plan, Susan respirant avec difficulté sur sa couche dans le plan intermédiaire. On sait que ce plan n’a pas été effectué en une seule prise mais que la mise au point a été successivement faite sur les différents composants du plan avant intégration dans une image unique.
De même, l’enfance de Kane qui fait l’objet des mémoires de Thatcher est représentée grâce à cette technique. La séquence débute par des images du jeune Charlie Kane jouant dans la neige avec sa luge. Puis, un travelling arrière fait comprendre que le point de vue se situait à l’intérieur de la maison familiale. Les jeux du garçon sont ensuite perçus en arrière-plan, tandis que son proche avenir est débattu dans le foyer, les deux plans étant nets.

Les plongées/contre-plongées

De nombreux plans du film sont filmés en plongée, ou en contre-plongée. Si la contre-plongée traduit souvent l’exaltation, comme dans le discours de Kane contre Gettys, la plongée sert à illustrer les périodes de doute et d’échec, telles que la demande de mutation de Leland à Kane après la débâcle électorale, et la destruction de la chambre par Kane après le départ de Susan.
Welles transgresse aussi les règles basiques des contre-plongées en les inversant. Car si cette même contre-plongée traduit généralement l'exaltation, la puissance écrase parfois Kane, comme dans la scène de la rupture avec sa seconde femme.

Effets spéciaux et trucages

Welles aime faire appel à des effets spéciaux pour enrichir son film. Ils sont dus pour la plupart au talent de Vernon L. Walker. On peut en citer six exemples, tous assez remarquables :

  • La scène où Leland parle à Thompson à l'hôpital a été jouée devant un écran blanc transparent (transflex), des projections ayant ensuite été utilisées pour créer le fond.
  • Les vues extérieures de Xanadu et la foule du meeting politique sont des illusions : ce sont en réalité des toiles peintes.
  • La scène où Gettys surveille le discours de Kane depuis le poulailler possède une caractéristique très particulière : chaque moitié d'image a été filmée séparément puis rassemblée, ce qui permet de voir nettement les deux personnages.
  • Le départ de Susan a été filmé en trois fois, pour pouvoir avoir les trois plans nets. Seul un plan est éclairé et filmé, puis la bobine est rembobinée et le plan suivant est éclairé, et ainsi de suite.
  • Welles a employé le procédé d'impression optique à la Truca. Cela consiste à aligner une caméra avec un projecteur dont le fonctionnement est synchronisé. La pellicule peut ensuite être retravaillée en post-production.
  • Au début du film, dans la longue séquence de la bande d'actualités News on the March retraçant la carrière de Kane, est inséré un plan où Kane et Adolf Hitler sont côte à côte sur un balcon, ce qui est un habile montage.

Dernière réplique

« Throw that junk », traduit en français par Jette ce machin (ou mieux : cette vieillerie, ce déchet), constitue l'ultime réplique du film. Elle survient lors de la séquence finale de l'inventaire dans le château de Kane, lorsque le majordome Raymond (interprété par Paul Stewart) passe devant une luge d'enfant et s'écrie ces mots « Throw that junk ». On jette la luge dans un brasier, puis la caméra sur la musique de Bernard Herrmann s'avance lentement en travelling, et le mot gravé sur le bois noirci par le feu apparaît soudain : « Rosebud », révélant peut-être ainsi la réponse à cette question posée à la fin du film : « Comment devient-on un homme comme Kane ? ». Cette luge est celle avec laquelle il jouait enfant ; le symbole qu'elle représente restera ambigu.
La séquence de révélation concernant le mot « Rosebud » peut être rapprochée de la dernière scène du film d'Alfred Hitchcock, Rebecca, qui, un an plus tôt, se concluait sur la lettre « R » soigneusement cousue sur le coussin de la chambre de Rebecca, et qui brûlait en conclusion du film.

Récompenses


  • Oscar du meilleur scénario original 1941 (décerné en 1942)
  • National Film Registry 1989 : Sélectionné et conservé à la Bibliothèque du Congrès américain.
  • Élu « Meilleur film de tous les temps » en 2002 par 108 réalisateurs et 144 critiques internationaux consultés par la revue britannique "Sight and Sound" du British Film Institute.
  • Élu « Meilleur film de tous les temps » en 1997 et 2007 par l'American Film Institute1.

Lieux de tournage

  • Le film a été tourné aux studios de la RKO à Hollywood (Californie) du 29 juin au 23 octobre 1940[.

Autour du film

  • Il s'agit du premier film du réalisateur, et les acteurs proviennent pour la plupart de son groupe de théâtre : le Mercury Theatre.
  • Le titre initial devait être American.
  • Pour Kane, Orson Welles s'est inspiré d'un personnage réel : William Randolph Hearst (1863-1951), qui s'était réfugié dans un château, le Hearst Castle, à la fin de sa vie, comme Kane à Xanadu dans le film. Toutefois, d'autres sources, et certains auteurs comme Peter Harry Brown et Pat H. Broeske, ont fait valoir que le film devait être, à l'origine, une biographie plus ou moins fidèle du millionnaire Howard Hughes, alors autant connu pour ses entreprises cinématographiques (Les Anges de l'enfer, Scarface), pour ses records et ses activités dans l'aviation, que pour certaines de ses excentricités : il était victime de troubles obsessionnels compulsifs, lui faisant par exemple répéter plusieurs fois de suite la même phrase, et souffrait d'une phobie des microbes. L'ironie veut que Howard Hughes soit devenu quelques années plus tard le patron de la RKO qui a produit le film.
  • Les tentatives d'interdire le film par Hearst ont donné lieu à un documentaire télévisé intitulé The Battle Over Citizen Kane5.
  • Rosebud, le fameux mot-clé prononcé par Kane, veut dire littéralement « bouton de rose ». Il est dit que ce mot était utilisé par William Randolph Hearst pour désigner le clitoris de sa maîtresse, Marion Davies (ce mot est également employé par La Mettrie pour désigner le clitoris, notamment dans L'Art de jouir). Certains estiment que c'est une des raisons pour lesquelles William Randolph Hearst a essayé d'interdire le film à sa sortie.
  • Orson Welles a dit à propos de son film : "Le public est seul juge. Kane est à la fois un idéaliste et un escroc, un très grand homme et un individu médiocre. Tout dépend de celui qui en parle. Il n'est jamais vu à travers l'œil objectif d'un auteur. Le but du film réside d'ailleurs plus dans la présentation du problème que dans sa solution."

Références au film dans la culture populaire

Au cinéma

  • Otto Preminger rendra hommage à ce film avec son propre film Rosebud (1974).
  • Le grand détournement La Classe américaine :
    • Georges Abitbol, l'homme le plus classe du monde, meurt en prononçant ces mots : « Monde de merde »
    • Des journalistes, Peter & Steven, enquêtent sur son passé, ce qui donne lieu à des flashbacks. Orson Welles fait même une apparition détournée au début du film, et meurt tué par balle en s'écriant « Ohhhhhhh, Rosebud ! ».
    • Peter, un des journalistes enquêtant sur la mort de Georges Abitbol, répond à son patron qui les interroge sur leurs pistes, qu'ils avaient « plutôt pensé à un traîneau ».
    • Le patron du journal reprend une réplique de Citizen Kane : « Si c'est une femme, je veux savoir son nom. Si c'est un cheval, je veux savoir dans quelle course. »
  • Le film Velvet Goldmine de Todd Haynes est une transposition de "Citizen Kane" à la période glam'rock. On retrouve une construction semblable ainsi que de nombreuses références telles la mort dans la neige, les coupures de journaux, les personnages secondaires. Certaines images et certaines positions du héros sont les mêmes que dans le film.
  • Dans Kill Bill : Volume 1 de Quentin Tarantino, l'une des premières scènes où l'on voit dans l'ombre la mariée agonisante sur le sol est une référence au début de Citizen Kane où l'on voit dans l'ombre Charles Foster Kane mourant sur son lit.
  • En 1995, Marc Dorcel a réalisé Citizen Shane, parodie pornographique de ce film.
  • Dans Rhum Express sorti en 2011, Paul Kemp (Johnny Depp) loge dans un hôtel nommé le Xanadu.
  • Dans Hellzapoppin (1941), un personnage trouve dans un décor polaire un traineau portant l'inscription « Rosebud » et dit « I thought they'd burnt that! ».
  •  
  •  Chroniques  de Mohamed Elkeurti  Président du Ciné Club de Mascara

  • CITIZEN KANE a-t-il rempli toutes ses promesses d'attente ?
    Vu dans d'excellentes conditions par rapport à sa 1ère programmation sur un poste tv à la Maison de Jeunes, il ya de cela presque 20 ans, je ne pouvais à l'instar de pas mal de présents que m'incliner devant l'excellence de l'ouvrage : une fluidité quant à la maîtrise technique qui, si elle n'est pas iabsolument innovante a été poussée à son extrême par un usage systématique (profondeur de champ, plongée/contre-plongée utilisées de différentes manières,fondus, flash-backs, flash-forwards...) et par les petites idées narratives. le dialogue était à la hauteur et la direction d'acteurs rendait les personnages truculents et/ou tragiquement attachants; L'humour, la fanitisie ne manquaent pas (voir les cours de chant avec le prof italien; l'emménagement dans les bureaux du journal...)
    La musique de Bernard Hermann (Psychose...) était exactement au service de la narration et l'opérateur favori de John Ford, Greg Toland,( Les raisins de la colère) appelé par Welles a donné le meilleur de lui-m^me pour aider ce dernier à nous offrir ce que l'image peut donner de sublime dans ce jeu d'ombres et de lumières;
    Cette histoire de la grandeur et de la chute d'un homme est racontée d'abord avec des accents à la Charles Dickens (pendant les 3/4 du film puis de manière shakespearienne vers le derniers tiers ( Welles n'ayant jamais caché son adoration du grand tragédien anglais).