jeudi 24 novembre 2016

Jeudi 24 novembre 2016 au Colisée  de Mascara  à 18h00



Projection du film "Innocent"




Drame, Guerre de Nationalités Américano, Mexicaine

De Luis Mandoki
Avec Carlos Padilla, Léonor Varela, Xuna Primus .


Synopsis :
Inspiré par l’histoire vraie du scénariste Oscar Torres, ce film relate l’histoire d’un enfant de 11 ans, Chava, au Salvador dans les années 80. Le pays est agité par des tensions internes et les forces armées gouvernementales sont en lutte contre les rebelles du FMLN. L’armée enrôle dans ses troupes des enfants dès l’âge de 12 ans. Pour Chava, il reste un an avant de devenir à son tour un soldat.

Critique du Film

En 1980, la guerre civile au Salvador fait rage entre l’armée salvadorienne et les guérillas composées essentiellement de paysans. Les batailles rangées se déroulent au cœur des villages d’occupants prient entre deux feux, et dont les morts se comptèrent par milliers. Vivant dans des maisons construites avec du bois et des tôles de fer, ils étaient soumis à un couvre-feu strict, s’endormant aux sons des tirs de nuit. Dans ce climat terrible, Chava vit avec sa mère Kella (Leonor Varela) une couturière, sa sœur et son frère cadet. Lorsque la guerre a débuté, son père s’est enfui aux États-Unis, et depuis lors, Chava est devenu l’homme de la maison. Dans un corps d’enfant, le petit Chava mûri plus vite prenant sous son aile la sécurité et la charge de sa famille. Alors que sa mère est au travail en ville, la maison est prise dans le feu nourri. Chava parvient alors à sauver son frère et sa soeur des coups de feu déchirant l’air et les murs de leur maison balbutiante. Quand elle rentre ce jour-là, Kella décide de travailler de sa maison avec sa propre machine à coudre. À l’école, Chava devient le petit ami de Cristina et décroche un emploi à temps partiel sur un bus. Fier de donner l’argent à sa mère, ce petit quotidien ne tient qu’à la fréquence des accrochages dans la ville.

Innocent
 est un film sur l’innocence brisée de milliers d’enfants. En lieu et place de jouer aux bords de l’eau, à la balle au travers d’une rue ou de manger des bonbons accompagnés de la fille de leur rêve, ils rentrent de l’école en évitant les balles d’armes automatiques, passent au-dessus des morts gisant dans les forêts avoisinantes. Mais le quotidien de ces enfants est ce stress du service de l’armée, qui oblige tout enfant de plus de quand douze ans à être enrôlé de force.
La puissance d’Innocent réside dans sa description impitoyable de la vie des enfants et des femmes dans cette guerre sanglante du Salvador dans les années 1980. Prenant le point de vue platonique d’un petit garçon angélique, Luis Mandoki (Une bouteille à la mer, Angel Eyes) se repose beaucoup trop sur une dramaturgie superficielle à base d’envolées musicales et de gros plans sur Chava, les yeux mouillés emplis d’une terreur bluffante. Basé sur la vie du co-scénariste du film, Chava n’est autre qu’Oscar Torres, acteur américain, qui à travers ce scénario, a souhaité retranscrire son histoire poignante. Mais outre son histoire, les deux scénaristes ont voulu mettre à travers ce film l’accent sur le recrutement d’enfant dans ces conflits. Actuellement, plus de 300.000 enfants servent dans les armées de plus de 40 pays.

Long parfois même ennuyeux par la multiplication de séquences inutiles,
 Innocent reste tout de même un beau témoignage sur l’innocence perdue d’enfants impliqués dans un conflit oublié ou méconnu.Mais ces agissements et le déroulement du conflit ne quitteront jamais les simples yeux de Chava. Notre vision se limitant à ce qui est vu et compris par le jeune garçon. Le conflit en lui-même n’est jamais réellement expliqué dans ses complexités historiques ou sociales. Car les affrontements remontent à plus de 20 ans et se sont presque déroulés dans une discrétion innommable. Peut-être pas l’intention première des deux auteurs, le film fini marquera toute absence de compréhension et donc de réelle empathie. Malgré tous les efforts de Mandoki à nous embarquer dans un mélodrame puissant, on reste constamment en dehors du propos regardant le long-métrage avec une distance froide. Là où Le Tombeau des Lucioles ou Jeux Interdits nous prenait à la gorge et aux tripes faisant couler toutes les larmes de notre corps par cette immersion brutale et intransigeante d’un conflit bien plus proche de nous, Luis Mandoki abuse de subterfuges superficiels pour nous tirer la moindre larmichette. Alors oui, l’identification à ce petit garçon est prenante, la plongée dans son regard perdu entre innocence et cauchemar étant captivant, mais jamais Mandoki, par le biais de sa caméra, nous déchire le ventre par une réalité abjecte.